Bonsoir à tous!
Je voudrais d’abord vous remercier d’être venu aussi nombreux pour le lancement du livre Dieppe : Ma prison. Je tiens avant tout à remercier les gens des fusiliers Mont-Royal pour nous avoir si aimablement accueillis dans leurs locaux. C’est un endroit riche en histoire et en tradition et je nous considère très privilégiés de pouvoir faire le lancement ici au manège. D’une manière plus personnelle, je voudrais remercier mes parents et amis qui se sont déplacés pour l’événement. Les occasions de se rencontrer en famille se faisant de plus en plus rares, j’apprécie particulièrement leur présence à mes côtés.
Ce qui nous réunit tous ici ce soir est l’accomplissement d’un long travail que j’ai commencé il y a quelques années, comme un simple projet connexe à mon baccalauréat universitaire. Le tout a débuté par une rencontre dans un de mes cours d’histoire, avec un vétéran des fusiliers, en occurrence le capitaine Rolland Gravel. Ce dernier avait livré un témoignage des plus intéressants, tant au niveau humain qu’historique, sur ses expériences de guerre. Son récit avait d’ailleurs fait partie de l’ouvrage de l’historien Sébastien Vincent, Laissé dans l’ombre, dans lequel avait été recueilli le témoignage des vétérans québécois. À l’occasion de cette rencontre, j’ai pu longuement discuté avec M. Gravel et M. Vincent. Nous avons notamment parlé de cette importante lacune qu’il y a dans l’histoire militaire canadienne, en rapport avec l’absence de témoignage des volontaires canadiens-français.
Ainsi après cette rencontre, j’ai eu l’idée de continuer le mouvement en récoltant à mon tour le récit des vétérans. Comme je l’ai dit préalablement, l’idée était éventuellement de me servir de ces récits dans un travail pour l’université bien que je n’avais pas exclu le projet d’en faire un ouvrage littéraire. C’est ainsi que je me suis mis à rencontrer des vétérans de différents corps d’armée. Notamment des gens du royal canadian air force, d’autres du régiment de la chaudière, pour finalement en arriver à entrer en contact avec certains anciens soldats des fusiliers Mont-Royal, notamment M. Donatien Vaillancourt et enfin M. Jacques Nadeau. J’ai rencontré ce dernier à son domicile et volubile comme il est, je n’ai pas eu assez de trois cassettes de deux heures pour tout enregistrer. Alors nous avons convenu de nous voir à nouveau pour passer à travers l’ensemble de son récit. C’est de cette façon qu’un bon contact s’est établi entre nous, ce qui a permis de faire des rencontres très constructives et je peux vous dire qu’il m’a coûté cher de cassette. Les heures passées avec M. Nadeau ont évidemment été des plus intéressantes, notamment par la quantité de détail et la variété des anecdotes qu’il avait gardées en mémoire. Environ 200 cassettes d’enregistrement plus tard, nous en sommes arrivés à ce que je croyais être notre dernière rencontre puisque l’on s’était finalement rendu à la fin de son histoire. Dans les derniers moments de notre entretien, M. Nadeau m’a fait part d’un rêve qu’il avait toujours eu, mais qu’il n’avait jamais pu vraiment entreprendre, soit l’écriture de ses mémoires. Je me suis donc proposé pour réaliser ce projet et il a accepté. Je ne suis pas sûr si à ce moment-là M. Nadeau croyait vraiment que je pourrais faire publier sa biographie, mais une chose est certaine : il s’est impliqué dans mon travail avec un grand enthousiasme. D’abord en me laissant l’accès à ses archives personnelles et en étant toujours disponible pour des précisions dont j’avais quelquefois besoin lors du travail de rédaction. Finalement, après deux années de labeur, j’en suis arrivé à présenter mon manuscrit à la maison d’édition Athéna et ce soir vous aurez le résultat final entre vos mains.
Avant de terminer, il y a encore des remerciements que je voudrais faire en rapport à cet ouvrage. D’abord à Stéphane Thibeault pour nous avoir prêté certaines photos inédites. À Bernard Langlois pour son superbe travail sur la page couverture et l’album photo. À l’historienne Béatrice Richard pour sa contribution avec sa préface qui est des plus intéressantes. Évidemment un gros merci à Andrée Laprise mon éditeur. Andrée qui est la plus gentille, la plus belle, la plus intelligente. Voilà elle m’avait dit de dire tout cela ou elle annulait le lancement, alors c’est fait. Non, mais sincèrement je le pense, elle a été très gentille et cela a été des plus enrichissant de travailler avec elle. Je la remercie de m’avoir fait confiance et d’avoir cru en mon projet qui est ensuite devenu notre projet et j’espère, dans un avenir rapproché avoir encore la chance de travailler avec elle. Enfin, le plus gros des mercis à M. Nadeau pour toutes les raisons déjà évoquées, notamment sa disponibilité et sa générosité. Ce Monsieur m’a fait vivre une merveilleuse aventure. Avec lui je n’ai pas qu’écrit l’histoire, je l’ai vécue, et ce à travers ces yeux, à travers son cœur et pour cela je lui serais éternellement reconnaissant.
Pour conclure, je voudrais simplement préciser que ce livre, qui est avant tout le récit d’un vétéran, a aussi été une manière pour moi de rendre hommage au disparu. Je sais que c’est aussi ce que M. Nadeau voulait faire, puisqu’il a souvent insisté pour que l’on parle de ces compagnons qui ne sont pas revenus. Vous savez au Québec on a un beau leitmotiv sur les plaques minéralogiques des automobiles avec « je me souviens ». Dans la belle province, on apprécie beaucoup les beaux mots et les belles phrases, « Je me souviens » ça parait très bien, inscrit en arrière d’une auto. Mais dans ce contexte c’est peut-être un peu superficiel surtout avec les lacunes que j’ai déjà mentionnées concernant l’histoire militaire canadienne-française, lacunes qui se reflètent aussi sur la notion de mémoire en général. Ainsi je pense que c’est véritablement à travers le récit des vétérans, c’est aussi en se rappelant des noms de ceux tombés au combat, comme ceux de Louis Goldin, de Robert Boulanger et tous les autres restés sur la plage de Dieppe, que les mots « je me souviens » prennent véritablement tous leurs sens.
Merci. Bonne soirée.