Martin Chaput Auteur http://martinchaputauteur.com Mon, 26 Oct 2020 19:41:36 +0000 en-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.2 http://martinchaputauteur.com/wp-content/uploads/2017/08/cropped-favicon-50x50.jpg Martin Chaput Auteur http://martinchaputauteur.com 32 32 Album de photo d’un aventurier mal élevé http://martinchaputauteur.com/album-de-photo-dun-aventurier-mal-eleve/ http://martinchaputauteur.com/album-de-photo-dun-aventurier-mal-eleve/#respond Fri, 25 Sep 2020 19:26:42 +0000 http://martinchaputauteur.com/?p=1266

A mon arrivée en Égypte, mon premier but n’était pas de voir les pyramides, ni de profiter de la vie cosmopolite de la grande cité du Caire, mais bien de me retrouver dans  la solitude et l’isolation du désert de Lybie. Je m’y suis donc dirigé dès ma sortie de l’aéroport. 

À la sortie du Caire, c’est le désert sans fin qui nous accueille. Direction l’oasis d’Al-Bahariya pour le début de l’aventure. C’est un petit chemin isolé passant au travers les dunes qui nous y mène.

Avec le petit Mohamed, après avoir échappé à la chaotique circulation du Caire. Celui-ci, un bédouin du désert qui devait me servir de guide, à néanmoins dû demander son chemin pour sortir de la cité…

Arrivé à l’oasis avec dans le lointain la ville d’El-Bawiti, la première étape de mon odyssée qui devait me mener à traverser le désert de l’ouest.

Avec mon nouveau guide Mr. Fox, profitant de l’hospitalité bédouine dans sa maison et d’un repas à la mode traditionnelle.

Avec le frère de Mr. Fox et c’est deux charmantes petites filles. Remarquez le vêtement traditionnel de Monsieur et la tâche sur son front,  appelée la marque de la prière due au frottement de la tête contre le tapis lors des cinq prières rituelles quotidiennes. Cette marque le défini comme un croyant des plus pieux.

Le Bashmo Lodge petit hôtel de Bawiti typiquement africain avec des toits de branchages et des murs de crépit. Mais, heureusement il y avait l’électricité et la douche.

Dans les ruines du temple de Qasr El-Méguisbeh construit par Alexandre le Grand lors de son passage dans l’oasis, il y a près de 2300 ans.

La montagne des Anglais, nommée ainsi parce que l’armée britannique avait établi un poste d’observation à son sommet, lors de la Première Guerre mondiale.

Suite à l’escalade de la montagne, nous voici arrivée dans les ruines de l’ancien poste d’observation militaire. Portant fièrement le keffieh pour me protéger du soleil du désert dans la digne tradition de la mode bédouine.

Lors de mon départ de l’oasis faisant mes adieux au petit Mohamed, avec derrière la fameuse jeep de Mr. Fox ; celle qu’il voulait me louer lors de ma traversée du désert, pour quelques centaines de dollars de plus. La choukrane (non merci !)

Fasciné par le décor typique du désert blanc…

Route isolée traversant le Sahara Suda (le désert noir). La teinte sombre du sable étant due aux coulées de lave d’un volcan ayant fait éruption, il y a de ça plusieurs millions d’années.

Prenant un café en compagnie de mon nouvel ami dans la petite ville d’Al-Farafra.

Arrivé à l’oasis de Dakhla, devant les bidonvilles de la cité d’El-Qasr ; on dirait la maison de paille d’un des trois petits cochons…

Vielle cité médiévale d’Al-Qasr, dont une partie n’est composée que de ruines abandonnées…

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De l’érudition à l’érotisme http://martinchaputauteur.com/de-lerudition-a-erotisme/ http://martinchaputauteur.com/de-lerudition-a-erotisme/#respond Thu, 14 Feb 2019 16:16:23 +0000 http://martinchaputauteur.com/?p=914

Une de mes passions qui touche en fait deux choses qui peuvent sembler complètement opposées est celle se rapportant à la collection de livres et d’armes anciennes. Dans les deux cas, cet intérêt me ramène à ma lointaine jeunesse, et pour ce qui est d’abord de mon amour des livres, j’ai évidemment été inspiré par les deux femmes de ma vie, ma mère et ma grand-mère, qui étaient des passionnées de lecture. Ainsi ayant à peine dix ans je lisais déjà des livres pour adultes, dont certain passablement sérieux, tel que Les médecins maudits de Bernadac, qui relatait les expériences des nazis opérés sur cobaye humain, un livre qui m’a bien évidemment marqué, allant même jusqu’à influencé certain de mes écrits et le choix de ma thèse de maîtrise. De plus, c’est à cette époque que j’ai commencé à me constituer une petite bibliothèque personnelle qui aujourd’hui a pris une ampleur pour le moins considérable. Au même moment, mon père, un passionné de la chasse, m’initia au tir avec sa vieille carabine de cowboy, ce qui bien évidemment fit naître en moi cet intérêt pour les armes. Il me donna aussi un couteau militaire ayant appartenu à son parrain, oncle Lionel, qui avait traversé en Europe en 1945 pour aller combattre Hitler (un sujet dont je parle dans La Quête). C’était une arme usée, à la lame ternie, un objet qui était tout de même passablement délabré, mais pour moi, dans ma vision infantile, je la voyais comme une relique sacrée symbolisant l’esprit guerrier à travers un héritage familial. En ce sens, le paternel fut bien évidemment tributaire de tout cet intérêt en rapports aux armes et aux artéfacts militaires.

     Avec les années j’ai donc pour ainsi dire ramassé une grande diversité d’items, pas seulement des armes, mais aussi différent type d’équipements, notamment des casques, des uniformes et même de la correspondance du front datant plus particulièrement de l’époque de la Seconde Guerre mondiale. En ce sens, j’ai réussi à trouver des lettres assez incroyables, notamment une d’un soldat allemand qui témoigne du sacrifice d’un compagnon d’armes qui avait fait exploser un char russe après s’être jeté sous ses chenilles avec une mine. Une autre encore plus significative est celle d’un policier intégré à la SS annonçant à sa famille qu’il allait être transférer en Russie à sa demande puisqu’il disait ne pas aimer « les actions » de police qu’il était obligé d’effectuer en Pologne. Une manière discrète de dire qu’il ne voulait pas être impliqué dans le nettoyage ethnique des juifs en territoire occupé. Incidemment j’ai son avis de décès, découpé dans les journaux de l’époque, puisqu’il tomba au combat un mois à peine après son arrivée au front. Ses qualités morales lui ayant ainsi coûté la vie. J’ai aussi une lettre très touchante du soldat Donatien Vaillancourt des Fusiliers Mont-Royal écrite en octobre 1943 lorsqu’il était prisonnier en Allemagne. C’est un de mes items les plus précieux puisque c’est un cadeau que me fit M. Vaillancourt lorsque je l’ai interviewé en 2006. Dans la lettre, il parle à sa copine écossaise d’alors, en mentionnant les souffrances d’être un prisonnier de guerre, et les espoirs qu’il gardait néanmoins toujours en lui après quatorze mois de détention. J’ai d’autres items dont la provenance remonte à des périodes encore plus reculées, et qui me fascinent de toute autre façon, notamment par leur création pour le moins artistique. En ce sens ma pièce la plus rare reste une arquebuse japonaise achetée chez un antiquaire des Cantons de l’Est. Pour en retracé l’origine j’ai du faire des recherches qui se sont échelonnées sur plusieurs années et enfin, par les détails particulier des garnitures en laiton qui la décore, j’ai pu finalement trouvé qu’elle datait du 17e siècle en la reliant à Kunitomo Tobei Shigeyasu, un artisan forgeron de l’ouest du Japon, dont le renom a semble-t-il transcendé les âges. Bien que je serais le propriétaire de cet objet que pour une parcelle réduite de son existence, les recherches que j’ai du faire pour apprendre à la connaître, le plaisir que j’ai à la toucher, me donne une expérience idyllique avec le passé, et c’est sous cet aspect particulier que j’appréhende cette passion des armes et du militaria.  

     C’est dans ce même état d’esprit d’amour charnel que je collectionne aussi les vieux livres. Néanmoins, avec le développement de la lecture sur le net, j’ai pu voir bien évidemment la perte de popularité du livre en tant qu’entité physique. Par contre ce déclin eut tout de même un effet bénéfique sur les coûts, et j’ai ainsi pu faire l’acquisition de véritable trésor à prix modique; notamment un exemplaire du Paradis perdu de Milton datant du 19e siècle et illustré par l’artiste Gustave Doré; un livre centenaire sur le château écossais de Tantallon, trouvé chez un libraire de la rue Saint-Denis et même un recueil de poésie de Gilles Vigneault, notre troubadour national, datant de 1959 avec des notes manuscrites signées de sa main. De plus la vision particulière du Québec sur la religion, a amené les ouvrages sur le sujet à se vendre à des prix dérisoires, j’ai donc étonnamment dans ma collection un grand nombre de livres religieux de plus de cent ans, notamment une série en superbe état avec une reliure en cuir, et obtenu pour un prix aussi ridicule que $1.00 chacun. Ma quête de livres anciens m’a aussi amené à faire les vides greniers de France, de Paris aux Pyrénées, les librairies poussiéreuses d’Écosse et des antiquaires de certaines villes perdues d’Espagne dont les noms sont trop compliqués pour que ma mémoire les retiennent. C’est lors d’un de ces voyages, dans une petite boutique des rues étroites du vieil Édimbourg, que j’ai trouvé mon plus vieux livre. C’était un exemplaire des Contes de La Fontaine de 1774, qui était en fait bien différent de ses fables, du fait qu’il y décrivait, en maints détails croustillants, les partouzes de la noblesse. Bien que très inspirant, on était loin du maître corbeau et de son fromage. Je me suis bien évidemment débarrassé de cet objet impur et j’ai même fait un profit faramineux malgré le fait que les livres ne soient plus à la mode. Qui dit que l’on ne peut pas faire de l’argent avec ses passions, et ce même quand elle est entachée par la luxure.     

    Ma fascination pour toutes ces choses, me vient évidemment en partie du plaisir tactile que j’ai à toucher les vieilles reliures de cuir, à sentir le vieux papier, à m’imaginer toutes les mains qui génération après génération ont touché comme moi cet objet, que ce soit pour une recherche de connaissance ou simplement pour se divertir. Même chose pour les armes et le militaria, qui sont pour moi un point d’ancrage concret et matériel avec les guerres du passé, ce qui en tant qu’historien, amène une vision différente, moins abstraite d’appréhender le passé. En ce sens on peut facilement s’imaginer l’aura maléfique de certaine armes, par le nombre de vies qu’elles ont pu prendre, ou en voir d’autres sous une lumière bien différente, quand on se rend compte qu’elles auraient été brandies pour des idéaux plus nobles, à l’encontre de l’oppression. Mais à travers l’ensemble de ces visions, j’ai par ce contact physique avec ces objets, l’impression d’être en relation amoureuse avec l’histoire et cela demeure aussi agréable que voluptueux.

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La voie du ronin http://martinchaputauteur.com/arts-martiaux-mixtes/ http://martinchaputauteur.com/arts-martiaux-mixtes/#comments Sat, 22 Dec 2018 17:41:59 +0000 http://martinchaputauteur.com/?p=908

Une de mes passions qui en fait est venue un peu à se définir comme une sorte de religion personnelle est celle en rapport à l’entraînement et à la pratique des arts martiaux. Dans ma lointaine jeunesse, à huit ou neuf ans, étant un enfant plutôt sédentaire et intello, mon père m’avait tout de même inscrit dans une école de karaté kyokushin pour tenter de me faire bouger un peu. Cela marcha pendant un certain temps, et j’y ai rencontré des gens extraordinaires, notamment le sensei André Gilbert, et un modèle de vertu martial qu’est Alain Bonamie. Néanmoins je suis rapidement retourné à mes crayons à dessins, mes livres et mes BD,  intello-geek que déjà j’étais. Par contre, quelques années plus tard, dans mon passage de l’adolescence, avec les hormones émergeant en moi qui amplifiai de manière exponentielle mon attirance pour la gent féminine, j’ai vite réalisé que ce n’était pas avec ma shape de gros nounours de bibliothèque que je pouvais développer une vie sexuelle active. Je me suis donc remis à l’entrainement, poids et haltère, bien sûr, mais aussi la boxe. En ce sens, ayant été confronté au secondaire au problème récurent de l’intimidation, je me suis rendu compte d’une triste réalité de notre belle et intelligente société, soit qu’il y a souvent rien de mieux qu’une bonne « tape sa yeule » pour se faire respecté. Bien qu’une rage latente me rongeait constamment l’intérieur, et que j’en étais venu à être fasciné par la voie du guerrier, je ne cherchais jamais la confrontation. Mais par la force des choses je me suis rendu compte que j’avais tout de même un certain talent quand arrivait le temps de jeter les gants.

     C’est ainsi que pendant mon premier séjour à l’université, je me suis retrouvé comme portier dans les bars, notamment dans le merveilleux monde des danseuses, et ce pour la même raison de ces dernières, soit pour payer mes études. Néanmoins l’argent rentrait bien, trop bien, et j’ai abandonné l’université pour en faire mon métier, ce qui demeurait un peu une manière de vivre par les armes comme les samurais des temps anciens. Dans l’espoir d’être dument capable de faire le travail, et ce avec une efficacité optimale, j’ai décidé de parfaire mes talents martiaux et comme si le destin avait décidé de comploter en ce sens, j’ai rencontré bon nombre de personnes qui m’ont apporté leur aide. Il y eut entre autres Kevin Adams, un boxeur professionnel, propriétaire de gym, qui améliora mes talents pugilistiques tout en m’aidant à devenir un entraîneur. De plus, un de ses combats au centre Bell m’inspira un des chapitres les plus intéressants de mon livre La Quête (page 166 et suivante). D’autres personnes me partagèrent aussi leur savoir, dont Éric Moore, un des combattants les plus naturels qu’il m’a été donné de rencontrer, mais ce fut surtout Rudy Provencher qui prit d’abord ce rôle de mentor. Mais avec mon évolution, ce rôle se transforma en celui de partenaire d’entraînement et partenaire d’affaires puisque c’est avec lui que j’ai débuté mon travail d’entraîneur, un métier que nous professons toujours vingt ans plus tard. Par contre autodidacte que je suis, c’est probablement seul par moi-même que j’ai appris le plus. Notamment en faisant le tour des gyms de Montréal et de ses environs, tout en essayant d’autres disciplines, notamment le jiu-jitsu et la lutte, poussés entre autres par cet engouement pour la UFC et les arts martiaux mixtes. Cette quête me mena aussi à m’entraîner avec des combattants mythiques, notamment un  ancien champion thaïlandais du Tri-star, qui fut pour un temps mon entraîneur privé. J’ai pu aussi rencontré des légendes, comme Trevor Berbick, ancien champion du monde ayant croisé le fer avec Mohamed Ali et Mike Tyson, ainsi que le sympathique Ducarmel Cyrius, champion du monde de kickboxing, qui prit le temps de me montrer les petits coups mesquins qui pouvaient se donner dans le dos de l’arbitre, ce qui était tout de même étonnant vue sa gentillesse. Bien que tout ce bagage accumulé au cours des années me permit bien évidemment de parfaire mon rôle d’entraîneur, autant que celui de combattant, je sentais qu’il me manquait tout de même quelque chose, un but, ou plutôt un défi à ma mesure, et c’est la que j’ai pensé à la Thaïlande.

     L’idée d’aller m’entraîner dans les réputés camps de combat de la lointaine Thaïlande m’est venue entre amis dans une de nos traditionnelles soirées UFC. Une autre de mes nombreuses et décevantes ruptures amoureuses m’avait fait exagérer l’absorption du divin houblon, et ayant en tête depuis un certain temps l’idée de quitter pour une autre aventure, c’est en regardant un combat plutôt sanglant que j’ai eu une  révélation. Le tout s’exprima dans un cri : « La Thaïlande tabarnacle! ». Certain de mes amis présents, notamment le pompier Éric, et mon combattant Cédric, habitué a certaine de mes extravagances ne purent s’empêcher de s’esclaffer sans tout de même comprendre. Néanmoins quelques jours plus tard j’avais acheté un aller simple pour la Thaïlande en plus de m’être inscrit au Lanna Muay Thaï camp, un camp de combat de Chiang Maï, une ville du sud à la frontière avec la Birmanie. L’odyssée pour me rendre dans ce pays fut pour le moins agité, notamment dans mon escale à Beijing en Chine ou une discussion avec un douanier retardé agrémenté de nos beaux jurons québécois m’avait valu d’être escorté dans la zone internationale par l’armée. Finalement, après un long voyage de trente heures et la perte de mes bagages, j’arrivais enfin à Chiang Maï. Mais ayant gardé mes gants de boxe avec moi à même mes bagages de cabines, j’ai pu aller m’entrainer à mon arrivée, après quelques heures de repos. Le camp était dans les bidonvilles, à deux pas de la jungle, et se composait de deux rings et d’une dizaine de sacs, entouré d’un petit mur de ciment sur lequel étaient fixées des barbelées avec le tout surplombé d’une large toiture de tôle ondulée. C’était dans ce qu’il y avait de plus rudimentairement martial. Toujours fringuant malgré l’épuisement du voyage, j’ai combattu dès mon arrivé et je fut étonné de la manière dont j’avais pu dominer mes adversaires sur le ring. Finalement la Thaïlande ce n’était pas si dur. Mais à mon retour au camp le lendemain on m’attendait de pied ferme et j’ai dès lors reçu des raclées mémorables de la part d’un groupe de combattant aux diverses nationalités et à juste titre dans les jours qui ont suivi mon visage à prit les couleurs de leurs différents drapeaux et ce avec un ajustement du relief de mon nez en prime. J’ai néanmoins eu des batailles mémorables notamment avec un combattant thaï qui avait près de 200 combats, et qui me servait aussi d’entraîneur. Ce fut pour moi un grand honneur, même si cet enfant de chienne avait mis des gants de huit onces au lieu de quatorze, comme il est habituellement de mise en combat d’entraînement pour éviter les blessures. Pour ce qui est de mon temps en dehors du camp, je le passais dans les vieux temples bouddhistes, à essayer de méditer, mais souvent l’épuisement était tel que je m’endormais sur place. Finalement la Thaïlande, quand tu la vivais comme les combattants c’était très dur, plus que j’aurais pu l’imaginé. Entraînement soir et matin, dans une température tropicale et humique qui quelques fois frôlait les quarante degrés. J’ai pu dès lors expérimenter toute une gamme d’émotion et de sensation  avec une intensité renouvelée. La douleur physique d’abord, présente du début à la fin, l’humilité ensuite, notamment de voir que mon talent martial, sans être médiocre, était loin d’avoir l’ampleur que je pensais. Par contre, j’ai vu que la persévérance était peut-être une de mes principaux atouts et cette aventure me permit d’accentuer autant le dépassement de soi que la connaissance de mon être. Et fort de ce nouveau bagage, je suis revenu au pays pour le partager.

    À mon retour un autre projet d’envergure allait lentement, mais irrémédiablement s’imposer à moi, soit celui de préparer des athlètes pour des combats d’arts martiaux mixtes amateurs. Le tout fut initié à la demande de mon client et ami Cédric, qui voulait tester ses talents, et ce au niveau compétitif. Élevant l’intensité d’entraînement de plusieurs crans nous avons commencé à faire les tours des galas de combat de Montréal. Après des débuts laborieux, dû à une inexpérience partagée, de combattant et d’entraîneur, nous nous sommes tous les deux ajustés et les victoires se sont mises à s’accumuler. Bien que j’ai entrainé d’autres athlètes pour la compétition, ce fut tout de même avec Cédric que j’ai vécu les moments les plus intenses de ma carrière d’entraîneur.  En fait je pense à un épisode en particulier ou une semaine avant un combat important, un de ses partenaires d’entraînement a subi un arrêt cardiaque en s’exerçant avec lui et est décédé. Le promoteur du gala qui avait été mis au courant du drame nous conseilla d’annuler le combat étant donné cette expérience traumatisante, ce que nous avons d’abord fait. Néanmoins Cédric, malgré sa peine, ne voulait pas en rester là et il m’a demandé de faire ce combat, puisque selon sa vision, c’était comme si son compagnon était mort pour rien. J’ai réussi à convaincre le promoteur et une semaine plus tard nous étions sur le ring. La pression était immense, l’angoisse aussi, cette victoire je la voulais tellement pour lui, mais ça ne dépendait plus de moi, je l’avais préparé au meilleur de mes connaissances, j’avais fait mes devoirs, il lui restait maintenant à faire le sien. Incidemment ce fut le combat le plus court et expéditif de ce dernier, avec une victoire par étranglement après un duel de moins d’une minute. Mais Cédric, loin d’être satisfait de son succès demanda le micro à l’annonceur qui semblait stupéfait et pas trop enclin à céder. Mais j’avais deviné ce qu’il voulait faire et faisant toujours dans la fine diplomatie je l’ai enlevé des mains du maître de cérémonie pour le donner à mon combattant. Cédric demanda simplement  une minute de silence pour honorer son compagnon d’entraînement, qui était pour ainsi dire mort au combat, ce que la foule fit avec respect. C’est le genre de moment d’une rare intensité qui amène a créer des liens pour la vie, et en faite j’ai pu me rendre compte que c’est par le MMA que j’ai pu développer certaine de mes amitiés les plus fortes et les plus durables. C’est par le combat qu’on apprend vraiment à se connaître, mais aussi qu’on apprend à connaître quelqu’un, dans le cas de Cédric et de quelques autres, cette relation s’est développée autant dans le respect que dans l’admiration.        

    Néanmoins, malgré  tous les effets positifs amenés par la compétition, les combats d’arts martiaux mixtes amateurs ont été interdits et ce étant entre autres en résultat d’une société matriarcale maternante et aseptisé ou la maman dominante et autoritaire veut pas que les ti-gars se battre et se fasse des bobos. Cette attitude n’est pas nécessairement surprenante surtout lorsqu’on voit qu’au niveau scolaire nos adolescents, pris au cœur même de l’explosion hormonale de leur évolution biologique, sont forcés de faire du tricot bien assis en classe au lieu d’aller faire du sport à l’extérieur. On devrait peut-être arrêter de se demander pourquoi le taux de décrochage scolaire est plus élevé chez les garçons, et ce sans parler du taux de suicide. Wake up! Le sport, la saine compétition, notamment par  les arts martiaux mixtes, est à mon humble avis un remède à bien des maux, notamment le mal-être de l’adolescence. Je me considère loin d’être un modèle à suivre, par contre je suis tout de même en ce sens, une preuve vivante des effets bienfaisants de l’entraînement martial ne serait-ce que par la guérison de cette rage de mes jeunes années qui m’est venu  par la pratique de ce sport. En faite, je dis sport, mais c’est devenu pour moi beaucoup plus. Étant athée sans aucune sorte de foi religieuse, les années passées à l’entraînement m’ont amené à découvrir une certaine spiritualité. Développant entre autres patience (c’est encore à travailler), honnêteté, persévérance et un certain pouvoir d’introspection, des qualités qui  n’auraient assurément pas ressurgi avec autant d’intensité si j’avais choisi un autre chemin. Ainsi même cette spiritualité fut acquise de manière autodidacte, trouvant ma voie à la manière des ronins, ces samurais sans maître qui dans le Japon ancien, vivait hors des cadres de la société. Mais au-delà ce côté essentiellement spirituel, lié à la morale et à l’esprit, cette pratique a eu aussi un effet impressionnant sur le corps. Je pourrais dire, sans fausse modestie, que malgré mon âge vénérable, avec toujours en moi cette attirance passionnelle pour la gent féminine, je peux toujours performer de manière optimale dans le jeu torride de la passion charnelle, comme dans les meilleurs jours de ma lointaine jeunesse. Quelle autre religion peut se vanter de procurer autant de bienfaits 😉

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Me souvenir est mon honneur http://martinchaputauteur.com/histoire-militaire/ http://martinchaputauteur.com/histoire-militaire/#respond Sun, 11 Nov 2018 17:21:38 +0000 http://martinchaputauteur.com/?p=903

Un de mes intérêts particuliers, qui est la base de la rédaction de mon premier roman, reste cette passion que j’ai pour l’histoire militaire. Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours lu avec une grande ferveur les récits en rapport aux batailles et aux guerriers de toutes les époques. Avec les années cet intérêt me mena aux quatre coins de la planète pour visiter les tombes des plus valeureux soldats et des différents champs de bataille d’où je ramenais toujours une poignée de terre, les considérants en quelque sorte comme des endroits sanctifiés. Cet intérêt ne mena aussi à approfondir mes connaissances de l’histoire militaire du Québec et de ce fait j’ai pu me rendre compte à quel point elle était négligée. Cet état de fait se voyait lier à un problème socioculturel particulier à notre province tributaire entre autres du traumatisme de la conquête et de la domination britannique qui suivit. Ainsi pendant longtemps, l’histoire militaire canadienne se voyait écrite presque exclusivement en anglais, et le récit des soldats francophones  a été en grande partie occulté, du fait entre autres qu’ils étaient considérés avec mépris et condescendance  puisque selon une vision particulière, ils s’étaient enrôlés pour aller combattre servilement pour l’Empire britannique. Cette vision, j’étais loin de la partager et un moment déterminant qui accru mon intérêt déjà présent fut lors d’une conférence dans un de mes cours universitaires ou l’auteur et historien, Sébastien Vincent, est venu nous parler de son  livre Laissés dans l’ombre oui il donnait la parole aux vétérans de la Deuxième Guerre mondiale. Ce dernier mit aussi l’emphase sur le fait que bon nombre d’entre eux arrivaient aux termes de leurs existences sans jamais parler de leur expérience de guerre étant donné l’indifférence généralisée ce qui demeurait une grande perte tant au niveau historique qu’au niveau humain.

     Sensibilisé par cette rencontre, j’ai eu l’idée d’entreprendre la collecte de témoignage de vétéran et ainsi faire ma part pour intégrer leur histoire dans la mémoire collective. Ainsi grâce au contact de ma copine d’alors avec un membre de la Légion de Beloeil, l’organisme canadien des anciens combattants, j’ai pu avoir une rencontre avec mon premier vétéran. Ce dernier, un homme d’exception, à la mesure des autres rencontrés, se nommait Paul Lafrenière et avait été un des rares francophones à devenir pilote de bombardier pendant la guerre. Il me raconta des histoires extraordinaires, dignes des scénarios de Hollywood, mais aussi des histoires drôles, tristes et dramatiques à dimensions humaines et c’est la que j’ai pu prendre conscience de toute la richesse de leurs témoignages. Enfin, par son entremise j’ai pu par la suite m’entretenir avec plusieurs vétérans, dont Donatien Vaillancourt, un ancien du régiment des Fusiliers Mont-Royal ayant fait le raid de Dieppe et subit l’emprisonnement en Allemagne. C’était un homme impressionnant, tant par sa stature physique, et ce même en octogénaire bien sonné, que par les solides valeurs de soldats qui semblait toujours ancrés en lui. J’ai pu aussi rencontrer Pierre Gauthier, qui avait été membre du régiment de la Chaudière, ayant entre autres participé au débarquement de Normandie et à la libération de la Hollande. Bien que ce dernier était plutôt avare de commentaires, toujours hanté comme j’ai pu le comprendre par divers épisode traumatisant liés à ses jours de guerre, j’avais passé un moment privilégié avec cet homme et ultimement ce fut par son entremise que j’ai pu rencontrer Jacques Nadeau, le héros de mon livre Dieppe ma prison.

     Monsieur Nadeau était tout un personnage, candide, jovial, volubile et habité d’une grande gentillesse, des qualités qui évidemment transparaissent dans le récit que j’ai fait de ses expériences de guerre dans mon roman. Notre collaboration fut des plus enrichissantes et je me suis efforcé de garder contact avec lui suite à la publication de notre livre. De ce fait, quand en 2011 on lui octroya la Médaille de l’Assemblée nationale, le régiment des Fusiliers Mont-Royal, dont il avait fait partie pendant la guerre, m’invita à la cérémonie officielle de remise et je n’ai évidemment pas manqué l’occasion de renouer avec lui. Par contre j’étais loin de me douter que cet événement  allait me permettre de rencontrer une autre génération d’hommes d’exceptions, et c’est ainsi que par l’entremise de monsieur Nadeau j’étais introduit dans l’entourage des officiers de ce régiment. C’est la que j’ai pu faire la connaissance de certain d’entre eux dont le lieutenant-colonel Luc St-jean, et le lieutenant Mathieu Coté, vétérans de différentes missions dont entre autres celle de la Bosnie et de l’Afghanistan. Au cours des années j’ai pu passer du temps de qualité avec chacun d’entre eux et je peux ainsi témoigner des qualités morales et humaines de nos vétérans contemporains. J’ai eu entre autres de nombreuses conversations intéressantes avec le lieutenant Coté avec qui je partage entre autres les passions de l’entraînement et de l’histoire militaire. J’ai même eu l’opportunité de communiquer avec lui lors de sa participation à la mission de la force multinationale des observateurs du Sinaï, et ce même pendant que des tirs d’artillerie lui passait au-dessus de la tête. Pour ce qui est du lieutenant-colonel St-Jean, qui fut aussi commandant des Fusiliers Mont-Royal de 2012 à 2015, j’avais été le rencontré à son domicile, dans le cadre d’un projet de livre sur la participation des fusiliers à la Deuxième Guerre mondiale (projet toujours à l’agenda) et jamais je n’aurais pu croire qu’un officier supérieur pouvait être aussi amusant et sympathique. J’avais dès lors pu profiter des largesses de son hospitalité ou il m’avait fait connaître les délices du Pernod-Ricard,  et ce dans des grands verres, avec une évidente carence en eau, assurément due à un problème de logistique en rapport au ravitaillement.     

    Mes rencontres avec ces derniers, comme aussi avec certains soldats ayant participé aux plus récentes missions de l’armée canadienne, m’ont permis de perpétuer cet intérêt pour l’histoire militaire tout en me sensibilisant aux difficultés de leur mission et aux séquelles qui en découlent, qui sont autant physiques que morales. C’est ainsi que j’ai pu réaliser toute l’amplitude du sacrifice entrepris par ces hommes et ces femmes. Je pense que l’appréciation de leur service peut se faire sans tenir compte de considération politique et idéologique. Étant tombé, dans ma jeunesse, à même la marmite de potion anticonformiste qui m’amena à des années-lumière de la vision du politiquement correct, je peux quand même me rendre compte que la majorité des missions de l’armée canadienne ont toujours eu comme objectif de protéger les populations menacées par la guerre et le chaos. Alors même en s’efforçant de ne pas y voir là une action de bienfaisance, de peur de tomber dans ce piège de la vision idéologique, on peut tout de même dire que de se rendre faire son travail en zone de guerre, prend des couilles de béton. En ce sens les vétérans, sur cet unique aspect, demandent le respect. Alors si vous en voyez un, une poignée de main et un « merci pour votre service » pourraient assurément être appréciés, et ce même si vous n’êtes pas passionnée d’histoire militaire comme moi. Ultimement par ce simple geste vous allez au moins donner un sens au leitmotiv de la province qui se résume à ces simples mots, je me souviens.

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