Bonjour à tous!
Je tiens d’abord à vous remercier d’être venus aussi nombreux à mon lancement de livre La Quête : Journal de guerre d’un soldat de fortune. C’est une journée très spéciale pour moi, puisque cet événement est l’achèvement de plusieurs années de travail, et ce suite à de nombreux échecs. C’est évident qu’être publié au Québec, ce n’est pas nécessairement facile. Mais tout de même après mon premier livre sorti en 2008, j’avais pensé que c’était un accomplissement qui m’ouvrirait beaucoup de portes, et j’ai donc proposé divers manuscrits par la suite, pour finalement vite déchanter, puisque j’ai essuyé refus après refus. À partir de là, j’en étais même venu à penser que mon premier livre avait été une sorte de coup de chance et que j’avais simplement été à la bonne place au bon moment. Vu que j’aime écrire, j’ai quand même continué, parce que de toute façon pour moi l’écriture c’est une de mes passions, en fait un peu comme le combat, ça reste une manière de m’exprimer, une forme de méditation, voire aussi une thérapie. Alors, même sans grand espoir d’être republié, j’ai continué de laisser aller ma plume. Finalement en 2015, qui s’avérait une année difficile pour moi au niveau personnel, j’ai décidé, histoire de me changer les idées, de retravailler deux vieux manuscrits écrits au début des années 2000 que j’avais déjà proposés en vain à certaine maison d’édition. Vu que j’étais à ce moment-là, dans un état d’esprit passablement négatif, j’ai rapidement trouvé que mes textes ne valaient pas de la merde. Mais un de mes amis, Cédric Filliatraut, a insisté pour les lires, et après l’avoir fait, il m’a dit qu’il les trouvait bons. Ensuite il m’a conseillé de tenter encore de les faire publier. Faut dire que je n’étais pas convaincu, Cédric, c’est un de mes bons amis, on pourrait dire que c’est mon protégé au niveau des arts martiaux mixtes, je suis son entraîneur, et on a 4 victoires de suite ensemble. Mais bon, côté littérature c’est autre chose, disons qu’il n’avait pas dans ce domaine la même notoriété que dans le combat et il n’était pas encore à ce moment-là un critique littéraire reconnu. Donc je me disais qu’il n’était pas très objectif, il essayait juste d’être gentil avec un ami dans une mauvaise passe. Mais j’ai quand même suivi son conseil, et finalement j’ai été encore une fois refusé, pour un des manuscrits seulement, parce que l’autre, La Quête, qui était le meilleur selon l’opinion littéraire de mon chum, a finalement été accepté. Donc Cédric a été en quelques sortes un visionnaire et c’est un peu grâce à lui si on est ici aujourd’hui, alors merci Cédric.
Évidemment je dois aussi remercier Marie Louise et les éditions la Plume D’or, d’avoir pris la chance de s’embarquer dans cette aventure. La Quête ce n’est pas un livre facile, et ça prenait des gens qui étaient capable de voir au-delà la brutalité du texte. Donc un gros merci à eux. Pour continuer avec les remerciements, c’est sûr que je ne peux pas passer à coté de ma famille immédiate, pour le support constant que j’ai reçu de leur part, notamment lors du contexte difficile de la réécriture de l’année 2015. En ce sens, les petites attentions qui peuvent sembler anodines, que ce soit les petits courriels, sortie de resto, ou simplement l’écoute, ont su faire la différence. Alors merci à ma nièce Ariane, mon neveu Karl et ma fille Sue-Hélène. Et bien sûr merci aussi à ma soeur, Brigitte qui n’a jamais cessé de m’encourager et évidemment ma mère, Mom de son original surnom, qui a été là à chaque seconde et qui l’est encore d’ailleurs.
Je voudrais aussi donner une mention honorable à deux de mes cousins, pour m’être grandement inspiré, et ce à partir d’un certain nombre d’épisode rocambolesque vécu avec chacun d’eux. Il y a d’abord Éric Lacharité, avec qui j’ai fait mon premier voyage extrême, dans lequel on a partagé des moments incroyables, notamment une brosse mémorable à Dieppe, bien que le mot mémorable n’est pas vraiment approprié vu qu’on ne se rappelle pas de tout et je pense que c’est peut être mieux ainsi. Il y a aussi Stéphane Chaput, alias Stuff, mon vieux frère, mon compagnon d’innombrables aventures. Aventure qui se terminait pas mal toujours comme la dernière case d’un album d’Astérix, soit par un gros party ou l’alcool coulait à flots. Donc les moments les plus amusants de mon récit c’est un peu a vous deux que je les dois, alors merci messieurs.
Enfin juste un petit mot de reconnaissance à mon chum Sylvain alias « le Clown ». Pour ceux qui ne le connaissent pas je pourrais dire que c’est peut être un des seuls ici qui est aussi dysfonctionnel que moi, sauf que lui il fait aucun d’effort pour le cacher et donc ça parait plus que moi. Mais c’est par ce dysfonctionnement qu’on s’est compris et si j’écris aujourd’hui, c’est en grosse partie grâce à lui. Pour expliquer le tout, faut retourner au début de notre amitié, il y a de ça près de 30 ans. À ce moment-là lui il était déjà un artiste sculpteur et poète sulfureux et moi disons un bum de bonne famille, qui roulait en moto et qui travaillait comme portier dans les bars. J’allais souvent le visiter à son atelier, parce que je trouvais son environnement créatif, éclaté et super stimulant. Au cours de nos discussions, je lui avais confié, un peu gêné, que j’écrivais aussi des nouvelles littéraires et de la poésie et ce tout en le menaçant que s’il en parlait à quelqu’un je lui péterais la gueule. Pour comprendre faut se remettre dans le contexte de l’époque, j’avais 20 ans, j’étais un motard hyper macho et j’avais peur que ses révélations nuisent à mon image de marque. Mais il n’a rien dit à personne et finalement il m’a demandé de lui lire ma poésie, ce que j’ai fini par faire. Je me rappelle de la première de nos rencontres littéraires, où après lui avoir fait la lecture j’ai été surpris de réaliser qu’il avait aimé ce que je lui avais lu et il avait même l’air impressionné. Et c’est là qu’il m’avait dit que moi aussi j’étais un artiste. Je pense que je l’ai envoyé chier cette fois-là, parce que, je m’excuse pour le terme, mais je trouvais que ça faisait un peu fifi, mais surtout ça m’avait atteint émotivement, parce que ça venait de réveiller quelque chose au fond de moi. Ultimement le fait de voir son intérêt et son enthousiasme face à ce que j’écrivais m’a mené à persévérer ce que j’aurais peut être pas fait avec ma mentalité d’homme des cavernes de l’époque. Me voici donc ici, deux livres plus tard, alors merci le Clown de m’avoir traité d’artiste.
Je vais poursuivre en vous parlant brièvement du livre que je vous présente aujourd’hui, notamment en commençant par vous expliquer son contenu. Mon roman c’est un livre intense qui brasse pas mal. C’est d’abord introduit comme les confidences d’un tueur à gages qui est actif dans le milieu du crime organisé québécois des années 1990. L’ensemble des descriptions se fait de manière très personnelle à travers les actions du personnage, ses souvenirs, et aussi ses fantasmes. Le style est direct, brutal, tout en étant poétique. L’ensemble du récit nous entraîne aux quatre coins du monde, et en même temps dans les profondeurs émotionnelles d’un être torturé. Le personnage, dont le style de vie destructeur à amené au seuil de la folie, se voit même guidé par l’esprit d’ancien guerrier dans ce qui se dessine comme étant une difficile quête de rédemption. Pour ma part, étant un éternel rebelle dans l’âme, ma vision anticonformiste se reflète dans le roman qui est aussi une critique de la société et de ses valeurs. À partir de là, c’est à vous, le lecteur, de découvrir si ce mercenaire sans fois ni lois va s’enliser encore plus dans son existence sanglante ou s’il va être capable de trouver un peu de cette paix intérieure à laquelle chaque être humain aspire. Voilà, pour mon petit speech de vente. Et pour susciter encore plus votre intérêt, mon éditrice Marie Louise m’avait proposé l’idée, que je trouvais vraiment intéressante, de vous lire un passage du livre. Elle m’avais conseillé un extrait en particulier qui était assez intense et qui donnait une petite idée du style général. Mais je dois avouer que je ne suis pas trop à l’aise de livrer comme ça une partie du récit sans référence, alors j’ai une autre idée, soit celle de vous lire une de mes introductions de chapitre, introduction qui commence par de la poésie. Parlant de poésie, avant de continuer, faut que je revienne à mon anecdote avec mon chum le Clown. En fait, si on avait pu imaginer lors de nos rencontres littéraires que 30 ans plus tard je serais en train de lire de la poésie devant une foule composée de membres de ma famille et amis, ont aurait sûrement dit à ce moment-là que le hash qu’on fumait était crissement bon, mais peut être un peu trop fort.
Je dois rassurer ma mère quand même, c’est une blague, je n’ai jamais pris de drogue. Il y a juste ma soeur qui en a pris un peu c’est tout.
Bon trêve de plaisanterie, de la poésie c’est sérieux alors je me lance:
Chuchote-moi ces phrases hypocrites, que si bien tu connais,
Ces tendres paroles teintées de faux serments,
En brumes et mirages, enveloppe-moi d’une éphémère paix,
Avec ta perverse affection en dernier sacrement.
Mens-moi à chaque respire,
À m’en faire oublier ton nom,
Mens-moi avec tes plus beaux sourires,
À m’en faire oublier ma damnation.
De tes promesses de chaleur, de bonheur,
Oui, vas-y, mens-moi encore,
De tes doux mots trompeurs,
Divertis-moi de la mort.
Mens-moi d’amour,
À m’en faire oublier mes guerres,
Mens-moi en me disant que tu m’appartiendras toujours,
À m’en faire oublier mon enfer.
Noyé d’abus de désillusion en final épitome, j’avoue,
Que lorsque tu dis que tu m’aimes plus que tout,
C’est de ma bouche que le plus gros mensonge viendra,
Quand je te dirai que c’est la même chose pour moi.
Bon voilà. Je vous dirais que celui-là c’est peut être un des poèmes les moins hardcore, donc à vous de découvrir les autres. Enfin pour conclure, mon roman La Quête est le résultat d’un long et difficile processus d’écriture qui à débuté en 1999 dans un contexte de vie aussi chaotique que celui que j’ai vécu au moment de sa réécriture. C’est évident que le tout a laissé son empreinte dans le livre qui, malgré la présence d’une certaine poésie, est loin d’être un roman à l’eau de rose. Mais au-delà, le côté sombre du texte, La Quête c’est aussi une histoire de survie, voire un exemple de persévérance, autant dans sa création, avec les contextes de productions que je vous ai mentionnées, que par le message interne du récit. Ultimement pour moi la quête ça reste une manière de dire que peu importe de la façon que la vie vous frappe pour vous mettre par terre, il ne faut jamais abandonner. Parce que, malgré la gravité des drames, c’est sûr qu’il va toujours y avoir par la suite dans notre parcours des petits moments de bonheur qui compensent amplement pour toute la souffrance des épreuves rencontrées. En fait, votre présence ici cet après-midi en est pour moi la meilleure preuve.
Merci à tous et bonne lecture.